De nombreuses fonctions systémiques présentent des rythmes circadiens induits par un mécanisme endogène régulé par des gènes liés au rythme circadien. Les expressions de ces gènes contrôlent une horloge centrale dans le cerveau et des horloges subordonnées dans les tissus périphériques. Cependant, la vie moderne a introduit des facteurs environnementaux qui interfèrent souvent avec les rythmes circadiens naturels. Il est important de noter que la perturbation du rythme circadien a été identifiée comme un facteur de risque indépendant de cancer.
La mélatonine est un régulateur majeur du rythme circadien. Chez les patients atteints de cancer, le rythme de la mélatonine est souvent perturbé et son taux est également réduit. Ces modifications de la mélatonine altèrent ses fonctions antioxydantes et régulatrices du rythme circadien sur les cellules et les tissus, les rendant plus sensibles aux mutations et à l’initiation du cancer. Dans ce contexte, les objectifs de cette étude sont d’évaluer la qualité du sommeil et les niveaux sanguins de mélatonine chez les patients atteints de cancer de la prostate (CP) ou d’hépatocarcinome (HCC) avec l’intention d’utiliser ses niveaux comme biomarqueur potentiel des cancers.
L’étude a porté sur 20 patients atteints de CP et 18 patients atteints de CHC, ainsi que sur 26 volontaires sains. Tous les échantillons de sang ont été prélevés tôt le matin, à 7 heures. Un questionnaire a permis de comparer la qualité du sommeil des patients atteints de CP, de CHC et des sujets témoins, et la mélatonine et la vitamine D ont été mesurées à l’aide de tests conventionnels.
Les résultats ont révélé que les patients dont la qualité du sommeil était la plus mauvaise présentaient également des valeurs de mélatonine et de vitamine D inférieures à celles des sujets témoins. En particulier, l’expression des enzymes synthétisant la mélatonine et des gènes spécifiques de l’horloge (PER, CRY et BMAL1) était significativement réduite et associée à un pronostic plus défavorable chez les patients atteints de cancer du poumon et de cancer du col de l’utérus. Ces résultats sont cohérents avec ceux d’études antérieures et suggèrent que la perturbation des rythmes circadiens, associée à des changements dans le cycle lumière/obscurité, a des conséquences sur le maintien de la santé systémique.
Nous suggérons que la supplémentation en mélatonine et en vitamine D pourrait représenter des stratégies thérapeutiques importantes pour les patients atteints de tumeurs solides afin d’améliorer la qualité de leur sommeil et leur capacité de récupération.